Partage des tâches domestiques

La parité ? Quelle parité ?

Vrai, quand il s’agit de s’occuper des enfants, cuisiner, faire les courses ou plier les vêtements, les hommes en font de plus en plus. Beaucoup plus que leurs grands-pères, en tout cas. Mais il n’y a pas de quoi se péter les bretelles non plus, messieurs… Car les femmes, elles, continuent bel et bien d’en faire plus.

Non, ce n’est pas un scoop. Mais la confirmation d’une tendance lourde qui évolue, certes, mais très tranquillement. C’est du moins ce qui ressort de la dernière étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), Tâches domestiques : encore loin d’un partage équitable.

« C’est une tendance lourde depuis les 30 à 40 dernières années. Non, ça ne va pas assez vite, mais l’écart se rétrécit, réagit Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité. Et ce, particulièrement chez les jeunes, ce qui est vraiment prometteur. »

QUAND ON SE COMPARE…

Certes, les derniers chiffres de l’OCDE le confirment : le Canada se démarque plutôt positivement en matière de partage des tâches, les écarts entre le temps consacré aux travaux domestiques dits de routine (ménage, lavage, repas) étant moindres entre hommes et femmes au pays qu’ailleurs. Ici, les hommes y consacrent un peu plus de la moitié (63 %) du temps qu’accordent les femmes, contre 44 % pour l’ensemble des pays de l’OCDE.

N’empêche : quand on y regarde de plus près, certains chiffres ont de quoi faire sursauter. Ainsi, quand la femme est la seule à travailler, l’homme augmente sa participation aux tâches quotidiennes d’un gros… 4 % de plus que sa conjointe, révèlent les chiffres de Statistique Canada. La femme qui ne travaille pas (et dont le conjoint travaille à temps plein), augmente de son côté sa participation de 166 %.

Des recherches américaines ont démontré que les femmes ont tendance à participer davantage aux tâches ménagères quand elles gagnent plus que leur conjoint. Au Québec, le même scénario s’observe, note l’étude de l’IRIS. Ce sont les femmes qui gagnent entre 50 000 $ et 80 000 $ qui en font le plus (quatre heures par jour).

Et quand elles travaillent moins (à temps partiel), elles sont par ailleurs beaucoup plus nombreuses à le faire pour prendre soin de leurs enfants, souligne l’étude.

Fait cocasse : si l’on a certes de plus en plus recours à de l’aide pour sous-traiter les travaux ménagers – ce qui, quelque part, soulage autant les femmes que les hommes –, qui se retrouve avec la responsabilité du ménage, des enfants ou des vêtements ? « Ces tâches continuent d’être réalisées par des femmes, conclut la recherche. Principalement des femmes immigrantes qui se font engager, moyennant un salaire bas et des conditions difficiles. »

ET LES POLITIQUES PUBLIQUES ?

Soit dit en passant, si l’on souhaitait véritablement encourager la participation des hommes, peut-être faudrait-il les intégrer davantage dans diverses politiques publiques, croit Raymond Villeneuve, directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité, invité à réagir à l’étude. Son organisme prépare d’ailleurs une étude sur la question. Car aujourd’hui, souligne-t-il, seules deux politiques (dont notre fameux congé de paternité) ciblent exclusivement les hommes. « Ce n’est pas suffisant. »

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